Le coin des romans

« La vie à côté » de Mariapia Veladiano : l’autre mélodie du bonheur …

« La vie à côté » de Mariapia Veladiano aux Editions stock Cosmopolite 

« La musique est une illusion qui rachète toutes les autres » Cioran

1ère de couverture "La vie à côté" de Mariapia Veladiano aux Editions Stock
1ère de couverture « La vie à côté » de Mariapia Veladiano aux Editions Stock

Au même titre que l’apprentissage du piano est un chemin exigeant semé de noires et de blanches, l’apprentissage du regard que l’on porte sur soi – un regard en mesure de ne plus quémander l’approbation  – est lui aussi composé d’un solfège dissonant. D’autant plus dissonant lorsque la bonne fée nature a refusé toute clémence et n’a pas accordé l’harmonie de l’apparence. C’est là l’histoire de Rebecca née laide dans une famille de beaux dont les atavismes moins glorieux sont tus et ensevelis sous des non-dits bien élevés et des discussions aux relents de Te Deum.

Prématurément isolée, parce qu’indigne d’être montrée au monde, en quête d’une affection parentale ondulante d’inattentions, Rebecca se cache, s’ennuie et assiste patiemment – avec la dignité précoce de ceux qui pressentent et savent se taire – à une tragédie familiale sur fond d’Italie éternelle, de fleuves crépusculaires et de cantates de Bach. Peu d’éclaircies dans la vie de cette petite fille dont on maltraite la laideur à coups de pitié et qui n’a pour repères qu’une tante narcissique et exubérante se destinant à lui enseigner le piano, une mère mutique égarée dans la dépression n’accordant à son élégant et lointain père que des regards où le vide s’est définitivement installé. Pour faire face à tant de démissions, Rebecca rencontrera l’affection de la servante Maddalena, l’amitié de Lucilla, fillette fougueuse à la langue bien pendue en charge de déflorer sa timidité, et une passion muette qu’elle caressera du bout des doigts : le piano. Extrêmement douée, Rebecca s’impose vite comme un prodige et sauvera son monde intérieur par une pratique aussi assidue que cathartique de l’instrument qui de notes en notes la mène vers une autre quête : celle des origines …

Avec ce roman précieux aux sinuosités élégantes laissant au lecteur toute la place d’imaginer une Italie où le noir de la pudeur répudie le rouge incestueux des passions inavouables, Mariapia Veladiano réussit là une symphonie littéraire d’une acuité qui ne peut laisser indifférent. A l’aide d’un style maîtrisant un classicisme du bon goût, elle nous livre une réflexion émouvante sur l’abîme intérieur d’une enfant meurtrie avant même d’exister dont la rédemption viendra d’une autre beauté. Celle qu’elle interprétera de ses propres mains : la musique. Osant aborder sans trémolos ni allusions revanchardes l’absence d’amour maternel et ce qui peut en être à l’origine, elle donne aussi à toutes celles et ceux que la baguette magique a oublié une bonne raison de cultiver leur singularité. De cette singularité d’où jaillit non pas le rejet mais une lumière. Une certaine lumière.

Un premier roman d’une grande intelligence qui a séduit les lecteurs transalpins et dont la saisissante et troublante mélodie a su franchir aisément nos frontières.

Astrid Manfredi, le 09/01/2013

Informations pratiques :
Titre : La vie à côté
Auteure : Mariapia Veladiono
Editeur : Stock La Cosmopolite
Nombre de pages : 213
Prix France : 19 euros TTC

Photo de l'auteure
Photo de l’auteure

1 comments on “« La vie à côté » de Mariapia Veladiano : l’autre mélodie du bonheur …

  1. eimelle

    un livre dont je garde un bon souvenir !

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