Drive ou le spleen de l’infini, le spleen des hommes solitaires qui roulent sur des routes vides ne menant nulle part. The Driver est cascadeur le jour et braqueur la nuit. Il attend. Ses gants frappent le volant en cadence. Il attend le butin pour l’emmener loin et vite. Il habite dans un immeuble avec de longs couloirs mal éclairés qui filent la trouille. Au bout du bout du couloir, il y a parfois la lumière. Elle apparaît, estampe de naiveté et de blondeur. Elle attend, elle aussi. Elle attend celui qui lui a fait un enfant et que la taule a saisi au gré des misères. Ils se croisent, se recroisent, se hantent et se caressent des yeux. Il ne se passe rien, quelques notes de musique égrènent le tempo de la rencontre. Il rentre dans l’appartement de la femme sur la pointe des pieds, s’assied, regarde la télé avec l’enfant. Ils ne se parlent pas, ils se comprennent.
Histoire d’amour sans paroles, in the mood for love sous marijuana. Soudain le bruit et la fureur. L’époux revient, il retrouve sa place dans le canapé. Il renoue aussi avec les mauvaises fréquentations et remet ça pour un casse, le dernier. The Driver porte au dos de son blouson le scorpion tel un talisman de fidélité. Par amour pour celle qu’il sent dans sa chair, il s’associe au mari – coup de grâce – . Braquage à la coréenne qui tourne mal, des litres d’hémoglobine, des italiens sans parrain, des blondes peroxydées et des drive in poussiéreux. The driver ne parle pas, il exécute. Mort du mari. Retour dans le couloir, puis zoom sur l’ascenseur. Baiser mortel qui dure le temps d’une chanson. Les flingues sortent, le cascadeur butte sans état d’âme. Il s’en va. Tel est le prix à payer dans le nouvel Ouest. L’amour n’est qu’une illusion et dure le temps d’un baiser. Reprendre la route, le ventre saigne. Drive est le spleen de l’infini.
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