Mon avis sur « La liste de Schindler » réalisé par Steven Spielberg en 1993
Jeudi 20 janvier 2012. Temps gris, pluie et parapluie. Soirée cocooning. Œil sur le programme télé. Rediffusion sur France 3 de « La Liste de Schindler ».
Une fois sustentée par mon ami PICARD, je me cale entre deux coussins, ravie de retrouver ce long film témoignage sur la shoah. Tout d’abord surprise, je vois apparaitre à l’écran Frédéric TADDEI pour présenter le film. Ai-je la berlue ou Monsieur TADDEI, journaliste culturel ami de Olivier PY, est devenu la nouvelle Denise Fabre de France 3 ? Après 5 minutes d’attente insoutenable, je réalise que la diffusion sera suivie d’un débat relatif au film. Ouf l’honneur du journaliste est sauf !
Mais revenons à notre Liste, j’entends celle de Schindler. Toujours bien calée, je me prépare à une immersion dans l’horreur absolue, celle qui malheureusement fut. Cette horreur Spielberg a eu le bon gout de la filmer en noir et blanc, un noir et blanc très contrasté, mis en valeur par des cadrages pour certains époustouflants. Je pense notamment à l’une des premières scènes du film alors que Schindler – industriel peu scrupuleux, amoureux de la chair dans toutes ses déclinaisons – assiste à une sauterie du parti Nazi. Le cadrage sur son visage laisse sous-entendre que derrière ce libertin insatiable se cache un regard d’homme.
Mais qui est vraiment Oskar Schindler ? Avant tout un homme comme un autre, un homme que rien ne prédispose à une grandeur d’âme particulière. Seuls les évènements en décident parfois autrement. Là où le Lacombe Lucien de Louis Malle choisissait la tentation du mal, Schindler va lui découvrir celle du bien. Schindler est un Business man dont l’objectif est de remplir ses poches en exploitant des ouvrier juifs polonais à cout zéro. Le cadre de cette exploitation sera son usine de batteries de cuisine destinées au front– l’action se déroulant à Cracovie – . Humiliés, arrêtés arbitrairement pour cause de lois raciales , c’est l’occasion pour ces hommes et femmes de tout simplement sauver leur peau.
De l’argent plein les poches, adoubé par le parti nazi pour sa participation à l’effort de guerre, notre Schindler profite de la vie sans tabous. Mais un jour, un jour gris comme il est impossible d’en faire un autre, alors qu’il se promène à cheval sur les hauteurs du ghetto de Cracovie, Schindler assiste impuissant à l’extermination des juifs. Son beau regard s’attarde sur une petite fille, frêle chaperon rouge égaré au pays des loups, qui seule au monde ouvre la porte de l’enfer.
Dans le même temps, nous faisons la connaissance du méchant de l’histoire, – à savoir le nazi Amon Goeth – parfaite synergie entre le sadisme et le sadisme. Sa mission : parquer et humilier comme des animaux dans un camp pré-Auschwitz ces lépreux d’hébreux tout juste bons à cirer ses bottes.
L’action est plantée, le film peut commencer et quel film ! Soudain mu par une vocation humaniste, Schindler fera tout pour sauver ces hommes et femmes destinés à l’abattoir. Il se liera d’amitié avec le bourreau Amon GOETH, allant jusqu’à lui graisser la patte pour récupérer ses ouvriers. Une erreur d’aiguillage sur un train mènera le temps d’une journée les ouvrières de Schindler aux portes d’Auschwitz, où impuissantes elles seront tondues, douchées puis finalement réexpédiées à leur bon samaritain.
1 100 juifs furent sauvés par Oskar Schindler. Il fut honoré du titre de Juste par l’état d’Israël et sa dépouille repose en terre sainte.
Dénoncé par le grincheux Claude Lanzmann, qui se réserve à lui seul le droit de parler de la Shoah, « La liste de Schindler » est une magistrale leçon de cinéma et d’humanité. Réticent au tournage, Spielberg voulut confier la réalisation à Scorcese et Polanski qui tous deux refusèrent. Leur refus fut inspiré car Spielberg réalise avec ce film son second grand film après ET, et ce avec un sens du casting à la hauteur de la réalisation.
Qui mieux que Liam Neeson pour interpréter la dualité d’OsKar Schindler ? Sa grande carcasse est si touchante que j’ai eu à maintes reprises envie de lui caresser la joue. Quant au cruel Amon GOETH – incarné par Ralph Fiennes – il a cet air de sadisme sexuel – pour paraphraser Spielberg – qui fait froid dans le cœur. N’oublions pas les seconds rôles qui n’en sont pas : Ben Kingsley, comptable malin à l’âme honnête et compagnon de route de Schindler ; la superbe Embeth Davitz dans le rôle d’Helen Hirsh, domestique très stylée coupable d’être belle mais juive, ainsi que tous les autres comédiens admirables.
Témoignage indispensable sur le devoir de mémoire, « La Liste de Schindler » se termine malheureusement dans une débauche de larmoiements pénibles pour la spectatrice. La scène finale sur fond de Terre Sainte, agace, tire des larmes que nous avions réussi à masquer dignement. Or c’est bien de cela dont il question, de dignité, mais la dignité n’a-t-elle pas parfois besoin d’un peu de pudeur ?
Un grand film cependant, à voir et à revoir dans quelques années, au même titre que l’on lit et relit « Les raisins de la colère » de Steinbeck. Sans oublier la mise en garde politique nécessaire « Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde ». Bertolt Brecht.
Je n’ai pas regardé le débat avec Frédéric TADDEI, je suis allée me coucher.
Superbe film, sans fausses notes. La musique, tantôt violons, tantôt chants hébreux donnent la chair de poule. Elle accompagne la souffrance et les atrocités subit par ce peuple tout au long du film. Je pense que la plupart des gens ont verse des larmes a la suite de phrase « C’est de l’hebreux, ça signifie, qui sauve une vie, sauve le monde entier » en référence au Traité Sanhedrin, chapitre 5, Mishna 5 du Talmud.
Julien
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Oui un très beau film sans fausses notes comme tu le dis à juste titre. Merci de ton commentaire et à bientôt sur laisse parler les filles 🙂
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Merci pour ton joli commentaire 🙂
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Bonsoir Astrid,
J’ai beaucoup apprécié ta critique sur ce remarquable film qu’est « La liste de Schindler ».
Cependant, je m’étonne de la corrélation que tu donnes à 2 mots clés que j’ai identifié dans tes commentaires comme « dignité » et « larmes ».
La première dignité, c’est avant tout et à mon sens d’être fidèle à soi même et donc aux autres. Alors pourquoi cacher, se cacher de ce qui nous touche profondément.
Il n’y a rien de plus beau que de se laisser aller à ses émotions. Pourquoi les réfréner ?
La pudeur dont tu parles n’est qu’une mascarade qui ne sert personne au final.
Je t’embrasse,
Laurence
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