
C’est en écoutant la mélancolique et suave chanson d’Alain Souchon que Laurence Biava, l’organisatrice, eut l’idée en 2011 d’un prix Rive gauche à Paris. Cette rive gauche chère à tant d’esthètes, aujourd’hui disparus, qui entre chien et loup murmurèrent ou déclamèrent à l’oreille de leurs bistrots que l’homme descendait du songe. On pense à Blondin et ses copains de cuites sans fin, à Hemingway, à Jean Ryhs, à Zelda et Scott, à Saint Laurent, à Miles, à Vian et à tous les autres dandys fauchés destinés à mourir jeunes et/ou à rester beaux, le regard éternellement suspendu à cette rive vénéneuse que n’accosta aucun vaisseau.
Destinées brûlées vives, filles chics en Peggy Roche ou saharienne St Laurent, drogues douces et dures, restaurants jazzy épiés par les ombres, boites de nuits de fin du monde, femmes à voilettes convoitant l’artiste promeneur, poèmes griffonnés à la hâte pour quelques sous d’amour. Voilà bien l’air que chantonna cette Rive Gauche à Paris et ce qu’aspire à restituer par sa sélection ce Prix portant son nom.
Après le très remarqué Roman d’Olivier Steiner « Bohème » en 2012, c’est au tour de Thadée Klossowski de Rola d’être honoré cette année pour son roman « La vie rêvée » paru chez Grasset en 2013. Un roman de flâneur aguerri subtilement ironique qui revient sur la grande époque de la célèbre Rive, en dresse le portrait cristallisé et en assure avec ce qu’il faut de détachement la légende. L’occasion de recroiser au creux des lignes de ce jeune homme – aux cheveux désormais gris – les tribulations fiévreuses d’une bande de génies aussi photogéniques qu’inspirés.
En littérature étrangère, le jury a décidé d’attribuer le prix à Jeffrey Eugenides pour son « Roman du mariage », paru aux Editions de l’Olivier en 2013, qui aborde dans ce texte amer et troublant la difficulté de choisir mais aussi celle – induite – de renoncer. Jeffrey Eugénides est le premier lauréat du Prix Rive Gauche à Paris du roman étranger.
Enfin pour les Revues littéraires, c’est la revue Schnock qui a tiré son épingle d’une sélection pourtant relevée, succédant ainsi sans rougir à la revue Bordel. Schnock est une revue exploratrice de culture pop, bien déterminée à noyer dans l’eau du bain tous les « adulescents » encore en vie et à rendre un ferme hommage aux grandes figures artistiques de notre temps.
Un palmarès, remis en tenue de bon gout à « L’auberge de Venise » le vendredi 28 juin 2013, un palmarès, surement, « d’art et de liberté épris », comme le chanta si bien Monsieur Souchon. « De ceux que l’élégance rapproche et que le temps ne sépare pas »…
Astrid MANFREDI, le 02/07/2013
Pour des informations complémentaires concernant les membres permanents du collège littéraire ayant la lourde charge de choisir les lauréats rendez-vous sur la page Facebook du prix ou encore sur le site dédié.
Le style de l article est a la hauteur du sujet! Je vais m empresser de lire ce roman.
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Merci 🙂
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