En zone rouge …
Ne plus se parler. Ne plus s’embrasser. Se tenir à distance. Se méfier. Invectiver et dénoncer ceux qui se rapprochent. Ne plus manifester. Se soumettre. Se résigner. Porter un masque. Avoir des crevasses sur les mains. Se shooter à la solution hydroalcoolique. S’isoler. Etre dépisté, contrôlé, précipité dans la matrice de l’ordinateur. Faire la queue, ne plus danser, parler aux murs, ne plus caresser les fleurs, ne plus s’adosser contre un arbre, ne plus tenir la main d’un enfant aussi touchant qu’inconnu. Ne plus regarder la mer, ne plus marcher sur le sable, ne plus rentrer en contact avec la nature. Depuis le 28 avril 2020, à 20h00 mes fenêtres demeurent closes et je n’applaudis plus les soignants. Les soignants soignent, ils font leur métier. J’écris, je fais le mien. Le grand moineau hygiéniste a parlé dans le poste de télévision. Menaçant, alarmiste, comme si nous allions tous y passer. Confinés à jamais, la tête collée contre l’écran de la tablette tactile, l’imagination asséchée, le corps avachi, l’âme grise et le coeur au loin. Nous sommes en zone rouge. Maladie de Kawasaki, distanciation sociale, réanimation, intubation, antibiotiques, fibrose pulmonaire, AVC, engelures, délire vasculaire, orage immunitaire. Folie, peur, contrôler la peur. Taux de mortalité 0,5 %. Moyenne d’âge des patients décédés 80 ans. Les enfants ne peuvent plus jouer au ballon, les petits vieux raconter leurs souvenirs, les amoureux se bécoter, les filles de joie s’éreinter sur le macadam. Nous sommes en zone rouge. Consommer, se précipiter dans les magasins, s’arracher le dernier tee-shirt à la mode, se faire masser, se faire coiffer. Mais seul. Demeurer seul. Avdoralimab et Tocilizumab médicaments très chers et efficaces pour l’avenir du cours de la bourse. Plaquenil et azithromycine efficaces pour les patients mais peu rentables, aux oubliettes. Professeur Raoult désigné comme fou, mégalomane, le gilet jaune des patients sans le sou qui prient leur bonne mère. Au suivant disent les apparatchiks. Lavez-vous les mains bande de chiens et ne tirez pas trop sur la laisse. Mal à la tête, boule dans la poitrine, sortir, marcher, aller loin, organiser une immense ronde. Ronde de visages de toutes les couleurs, de sourires, de corps qui se frôlent. Ne plus attendre la vie mais la vivre. Le peuple uni ne sera jamais vaincu.
Astrid Manfredi, copyright tous droits réservés, le 30 avril 2020.
… et aussi, ne plus croiser de visages. Simplement croiser le regard, juste avec les yeux !
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Coucou La chanson « el pueblo unido jamas seras vencido » (le peuple uni jamais ne sera vaincu) a été écrite par Sergio Ortega ( directeur du conservatoire à pantin)en 1970, chilien engagé contre la junte militaire. Proche de Pablo n’étudiait. C’est un chant partisan magnifique. Tu l’as écouté.Bisous Mamounette
Envoyé de mon iPad
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C est pas grave. cela est une période de regarder le monde de se regarder d’etre avec son moi. Le monde change espérons pur le mieux. Cela sera notre choix. Optimisme est le mot de passe.
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Vous écrivez ce que ressentent un certain nombre de personnes sensées, à savoir au nom de quoi avons-nous abdiqué une liberté fondamentale qui est celle d’aller et venir librement ?
Dans quelques années, un observateur regardera cette période et se demandera si nous étions entrés en pleine dystopie. Cela, ou alors, si la question ne se pose pas, c’est que nous vivrons vraiment dans un roman de George Orwell ou de Philip K. Dick.
Franchement, ça fait peur…
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